A peine née, l’expression «Développement durable» a fait une entrée fracassante (et réjouissante) dans la Constitution fédérale, et dans nombre de discours politiques, de gauche comme de droite. A force d’être utilisée, elle risque cependant le sort réservé à ces mots cruciaux que l’on banalise à force de trop y recourir. Le développement durable, dans son sens originel, représente une éthique trop fondamentale pour être galvaudée sous forme de pilule écologique que l’on place dans un programme quelconque: à la sauce du développement durable, les produits gagnent désormais en crédibilité.
Pour qu’un développement en vigueur au sein d’un monde fini (avec des ressources limitées) puisse être durable, il se doit d’être qualitatif plutôt que quantitatif, ce qui ne va pas sans remettre en question notre machine économique roulant à la consommation. A l’échelon local, l’aménagement du territoire constitue un domaine d’application privilégié du développement durable, dans la mesure où l’espace (le sol de la plaine du Rhône, par exemple) constitue également une ressource limitée (réalité souvent absente de l’esprit des gens): quel milieu de vie, et donc quelle qualité de vie, voulons-nous léguer à nos enfants?
Le développement durable n’est pas un concept fourre-tout, mais une éthique exigeante, qui implique une modification concrète d’un mode de vie qui, appliqué à l’échelle de la terre entière, ne serait matériellement pas possible (ce qui constitue d’ailleurs une profonde injustice sociale!). En bref, il s’agit de changer pour le Bien commun: celui de la société actuelle, celui des générations futures, et celui du reste de la Création.
Emmanuel Revaz, Martigny
Septembre 2004