La première fois que j’ai découvert ce projet, flyer proposé par un adolescent intellectuel en guerre avec le système, j’eus le réflexe de «stabilobosser» les passages jugés utopiques, irréalistes. Réaction saine d’une personne cartésienne éduquée à la valeur du travail.
CHF 2’500.- sans travailler… rares sont ceux qui applaudissent à la première écoute. Le salaire… il faut le mériter! C’est justement sur cette affirmation que la réflexion sur un R.B.I. devient pertinente. Notre vie, doit-on la mériter ou peut-on la choisir?
Est-ce que le travail est la valeur la plus importante de notre vie? Est-ce que naître avec un Revenu de Base Inconditionnel nous assurerait un accès à plus de libertés?
Gagner sa vie, mais ne pas perdre son temps. D’un point de vue philosophique, cette idée replace la liberté individuelle au centre. C’est un concept très libéral que de donner à chacun le droit de décider s’il veut vivre avec un salaire de base minimal ou s’il désire travailler pour augmenter son niveau de vie.
CHF 2’500.-/mois… un salaire insuffisant pour vivre décemment, suffisant pour survivre. Un choix! Plus de fraudeurs aux assurances sociales, plus d’assurances, plus de honte. Une émancipation. Une redistribution des pouvoirs. Un revenu de base inconditionnel n’est pas une allocation pour flemmards. C’est un nouveau système économique qui élimine le choix financier pour privilégier le choix d’intérêts, de capacités, de passions, d’envies, de services.
Quatre Allemands sur dix travaillent. Autrement dit, le 60% de la population ne travaille pas: enfants, malades, chômeurs, retraités, rentiers. Des chiffres clinquants.
Même si certains bénéficiaires du R.B.I. choisissaient l’oisiveté, la majeure partie de la population y trouverait son intérêt. Au lieu de réduire par une loi le temps de travail, on aménagerait des conditions pour un meilleur partage. On créerait des possibilités d’entreprendre, d’innover, sans risque de se retrouver démuni. Le revenu serait dissocié de l’activité obligatoire. Travailler moins, mais mieux.
Quelle autre alternative au capitalisme qui se meurt sans croissance?
La décroissance? Le contrôle de la finance qui ne sert pas l’économie réelle? Ou un système révolutionnaire, tel un Revenu de Base Inconditionnel? Le Revenu de Base Inconditionnel est peut-être utopique, mais il a le mérite de permettre une réflexion, une amorce de changement. Je me réjouis déjà des débats enflammés qu’il nous proposera.
Et si toutes ces idées pouvaient créer de nouvelles richesses…
Marie-Paul Bender
Députée-suppléante PCS/AdG
Centre Gauche-PCS
Valais romand
1950 Sion
CP : 17-297374-5